“Oui, je suis une veuve joyeuse, revendique Martine, quarante-huit ans, architecte d’intérieur. Après avoir vécu vingt ans dans l’ombre d’un mari dirigiste sans trop se poser de question, elle avait fini par devenir incapable de s’assumer seule, de gérer son temps de loisir et de plaisirs personnels. “C’est mon mari qui décidait tout. En le perdant, j’ai perdu tous mes repères dans la vie et par peur, je me suis recroquevillée sur moi-même. Je refusais de sortir. J’ai sombré dans la dépression. Des collègues m’ont encouragée à partir en croisière sur le Nil et c’est là que j’ai lié connaissance avec un groupe d’amis. Ces vacances ont été une révélation pour moi. Un voyage initiatique. Une cure de jouvence. Je plaisais aux femmes autant qu’aux hommes. J’avais envie de séduire à nouveau. Mes compagnons de croisière m’ont soutenue et je suis sortie de ma dépression grâce à eux. » Ses yeux rieurs, sa coupe de cheveux à la garçonne et sa minijupe lui donnent un air adolescent : ‘Au début, je me suis vraiment demandé si je saurais encore séduire. Je passais des heures dans ma salle de bains avant de sortir. Il fallait absolument que je me plaise à moi-même avant de m’attaquer aux autres. Maintenant, je sais que je peux me faire tous les hommes que je veux ! J’ai enfin compris qu’on peut coucher sans amour. Je prends mon pied avec les hommes, j’ai plusieurs amants en même temps. Je suis une femme sensuelle, libérée, comblée. Enfin, j’existe par moi-même. Je vis une ménopause heureuse. »
Parfois, l’affranchie veut faire souffrir les hommes pour se donner de l’importance. Elle joue la femme fatale. Grisée par le succès, elle voudrait être irrésistible. Mais au fond, tout cela n’est pas bien méchant. La cruauté n’est pas sa vraie nature. Une escouade d’amoureux aura tôt fait d’apaiser ses sens en délire. Puis, quand elle aura éprouvé toutes les joies de sa liberté retrouvée, elle regagnera sagement la tranquillité d’un univers plus conformiste. “Pour l’instant, je me sens bien au milieu de tous ces garçons et je ne cherche pas à rencontrer mon second mari, mais je sais que je ne finirai pas mes jours seule », confie la veuve joyeuse. Martine aspire à la quiétude dans sa vie sentimentale et souhaite rencontrer “celui qui saura ensoleiller son coeur à nouveau ». Elle espère son Prince Charmant. Même les grandes séductrices rêvent d’être séduites à leur tour.
La suite au prochain épisode : Témoignage
Extraits du livre « Eloge de la Séduction » de Veronique Julien et Xavier Deleu